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Le Rêve Qui Ne Peut Pas Revenir --- Book Review and Literary Analysis (French)


Yvonne Lian, 2021


Le Mariage de Loti est un roman semi-biographique du 19e siècle qui détaille la rencontre de Loti, un marin français, et de Tahiti, une île colonisée. Pendant son séjour, il découvre la culture tahitienne et tombe amoureux d'une jeune femme native, Rarahu. Cet article analyse le chapitre II de la troisième partie (p.175-177) : après presque un an, Loti se retrouve dans son île de rêve. En utilisant les descriptions des atmosphères et les mouvements des êtres vivants, l’écrivain crée deux images contrastées de cette île : une image d’enchantement et une image de mort. Les deux correspondent à un rêve fictif et à une réalité décevante. Tous ces contrastes introduisent la tristesse insoutenable de l’île et donnent des prémonitions qui annoncent l’inévitable tragédie de Tahiti.


Les adjectifs qui dépeignent la nature et les descriptions du temps indiquent que la beauté de Tahiti est éphémère et se dirige vers la chute. Premièrement, Loti dépeint un tableau magnifique de l’île sur son bateau : ‘Toute cette verdure dorée fait de loin un effet magique au soleil du soir.’ Cette phrase montre les premières impressions de Loti sur son île de rêve. La ‘verdure dorée’ dépeint l’image de la nature couverte par le soleil. La ‘verdure’ donne l’impression d’une île verte entourée de la forêt. La couleur ‘dorée’ crée l’image d’un soleil luxueux qui donne une aura angélique à l’île. La lumière de soleil et la couleur dorée font aussi allusion à l’espoir. C’est une image de la beauté intacte du monde naturel, sans l’intrusion de la civilisation, comme le jardin d’Éden. Mais, ce ‘soleil du soir,’ qui symbolise Tahiti, insinue que cette belle scène se passe à la fin de la journée, comme la civilisation de Tahiti va disparaître bientôt. En se servant du même jeu sur les adjectifs, l’auteur explique que le rêve exotique et l'espoir de retrouver la vie douce sont des illusions. Quand Loti arrive sur l’île, il remarque que : ‘Ce soir, elle est déserte. Les bouaros l'ont jonchée de leurs grandes fleurs jaune pâle et de leurs feuilles mortes.’ La couleur ‘ jaune pâle’ est un jeu de mot. L'adjectif ‘pâle’ modifie la couleur jaune et suggère que les fleurs sont malades. Les fleurs, qui symbolisent Tahiti, se sont fanées. L’esprit de Tahiti est gâché. De plus, l’auteur ajoute : ‘ il fait sous ces arbres une obscurité profonde.’ L’‘obscurité profonde’ montre l’environnement sombre, sans lumière, et fait allusion à l’effet de colonisation, qui hante Tahiti comme un fantôme noir. ‘Le soir’ indique que la fin est proche. En outre, les feuilles mortes nous rappellent que l’histoire se passe à la fin de novembre, à l'automne — la saison qui est souvent associée au crépuscule. La société tahitienne, simple et naïve s’approche de la fin. L’écart entre son rêve idyllique et la triste réalité de la nature, et le champ lexical de la fin, amplifient l’idée que la chute s’approche.


D’ailleurs, l’auteur utilise les termes et les temps des verbes pour signifier le rêve vivant et la réalité mourante. D’abord, Loti décrit son ravissement de retrouver Tahiti avec son vision extraordinaire des animaux entourent d'île. ‘Les poissons volants se lèvent par centaines.’ Le verbe pronominal ‘se lever’ démontre les mouvements actifs et énergétiques. D’ailleurs, l’utilisation du présent simple et le choix de ne pas faire la comparaison, mais une métaphore sur la hauteur du saut du poisson, mélange le fantasme et la vérité. Et l’exagération de la hauteur rappelle le monde magique et enchantée. Cette image souligne la liberté des êtres vivants dans son imagination et exprime son impatience de retourner dans une utopie sauvage et belle, et de vivre avec les gens heureux et joyeux. Mais, pour garder ce rêve, il vaut mieux ne pas s’approcher. En choisissant les verbes, l’écrivain démontre la réalité triste en dépeignant les femmes à l’esprit engourdi. 'Les filles de la reine sont là, assises et silencieuses… [ne plus] fussent venues joyeusement au-devant de nous... elles attendent.’ L’usage du passé simple ‘fussent’ nous rappelle l’accueil chaleureux de leur première arrivée. Mais, en employant les verbes inactifs et passifs, ‘assises’ et ‘attendent,’ au présent simple, au lieu de l’imparfait, évoquent les idées que les femmes sont fixées dans le temps. En plus, les femmes sont comme les statues immobiles dont les âmes sont vidées. Ce portrait des femmes précise que, au contraire de l’imagination, les Tahitiennes ne sont plus passionnées ou dynamiques. Les femmes attendent Loti et les marins, les colonisateurs, avec un sentiment lourd. Le bonheur de l'espoir échappe, et elles attendent leur ultime destin tragique. Les contrastes entre les verbes de l'imagination et la réalité soulignent la disparition du esprit tahitien vigoureux et charmant. La vie n’est plus simple et joyeuse, mais couverte de tristesse.


Ce chapitre est plein de contrastes : les adjectifs décrivent une scène enchantée et une scène sombre ; les verbes dépeignent une âme dynamique et une âme éteinte. En créant une forte opposition entre le rêve et la réalité, l’auteur souligne le fâcheux état de Tahiti qui ne correspond à l'illusion. En outre, ils amplifient l’idée que la société Tahitienne a subi des changements à cause de l’intrusion de la civilisation. Ce chapitre introduit le thème de la tristesse qui hante Tahiti, et prévoit la dégénération de la société qui se terminera en tragédie.

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